à la folie pas du tout

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On parle souvent de vérité mais en général, on ne la dit pas. Imaginez-vous la scène?
– Comment vas-tu?
– Bien, ma vie n’a aucun sens et je ne vais pas dans la bonne direction.

Avec un peu plus d’à propos :
– Bien, 15 364 scientifiques de 184 pays ont publié un manifeste pour rappeler à l’ordre les humains (car sont exemptés de la lecture, les mouches, les tigres, les éléphants, les girafes, les poules, les abeilles etc je pense qu’on aura compris, d’ailleurs ni les animaux ni les insectes ne savent lire, ils ne savent que disparaître ou se multiplier et nous créer des problèmes alarmants).

On peut lire dans leur rapport (le rapport des scientifiques) « En ne limitant pas adéquatement la croissance démographique, en ne remettant pas en cause une économie reposant uniquement sur la croissance, en ne réduisant pas les gaz à effet de serre, en n’encourageant pas les énergies renouvelables, en ne protégeant pas les habitats, en ne restaurant pas les écosystèmes, en ne freinant pas la pollution, ne ne régulant pas les espèces invasives, l’humanité ne fait pas les efforts urgents et nécessaires pour préserver notre biosphère ».

Le problème – c’est embêtant – c’est qu’on a des priorités qui consistent justement à se ficher de la croissance démographique, à ne pas remettre en cause une économie reposant uniquement sur la croissance, à ne pas réduire les gaz à effet de serre, en n’encourageant pas les énergies renouvelables, à ne pas protéger les habitats, à ne pas restaurer les écosystèmes, à ne pas freiner la pollution, à ne pas réguler les espèces invasives (lire, l’espèce humaine), à ne pas faire les efforts urgents et nécessaires en bref, pour préserver notre biosphère.

On aurait bien aimé contenter les 15 364 scientifiques de 184 pays mais ça tombe vraiment mal.

la folie des grandeurs

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La réalité est un peu encombrante, il faut le reconnaître. Pour le monde virtuel, la réalité devient un empêchement de tourner en rond, virtuellement.

D’ailleurs, c’est à se demander pourquoi on vivrait de plein gré sur une planète  polluée, aux terres empoisonnées, aux espèces animales décimées et aux populations qui sont la dernière roue d’un chariot qui n’existe cependant que parce qu’elles existent… ce serait absurde, il faut le reconnaître.

On n’est pas fou quand même.

la trajectoire

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J’avançais tranquillement comme si je n’avais rien fait d’autre au fond, depuis des siècles, que marcher, marcher et marcher encore dans l’espace apparent.

Qui marchait et vers quoi? Un consensus largement diffusé dès l’enfance nommait chaque chose, un monde solide et objectif semblait apparaître tandis que le corps, c’était sensiblement indéniable, fendait l’air.

Prisonnière d’une boîte crânienne, une instance mystérieuse évaluait toute chose. Reconnaître, c’était connaître déjà et pourtant ce qu’elle pressentait dominait sa nuit et ne se voyait pas.

 

stranger than paradise

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Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La lune jaune et ronde par-dessus l’horizon de béton accablé par sa journée de ciment sourit aux automobilistes pressés d’arriver – où? On ne sait pas.

Les automobilistes sont des êtres pour le moins curieux, on pourrait croire les avoir rencontrés au comptoir d’un bar à parler de la pluie et du beau temps en tournant la cuillère dans la tasse comme si le sucre était indéfiniment soluble mais ce serait une erreur!

Les automobilistes ne savent pas ce qu’est une cuillère! Ils ne vont pas au bar et se fichent bien mal de la pluie, du beau temps ou de la lune jaune et ronde.

Les automobilistes ont une idée fixe entre toutes : leur destination.

 

 

 

 

matière noire

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Rien n’est moins certain que l’improbable, moins évident que l’inespéré, parfois tout est aride, on marche dans les rues, sur les trottoirs, on conçoit les murs, les panneaux, les feux, les magasins, les banques, les taxis, les parapluies, les roues, les agendas, les sacs, les laisses, les verres, on ne conçoit rien d’autre au-delà de cet horizon solide et factuel, tout est là, dans le monde commun – fini, défini, déterminé, inéluctable. Mort, presque.

On reste matérialiste mais pour prendre un peu de hauteur, on se souvient quand même qu’on se trouve sur une planète, dans une galaxie, qu’il y a cent milliards de planètes dans notre seule galaxie, qu’il y en a peut-être deux mille milliards de galaxies dans l’univers, des lunes et des étoiles à gogo… rien n’y fait. On reste aussi bête qu’un marteau sans clou ou qu’un puits sans fond (on ne sait pas pourquoi puits est au pluriel même au singulier par contre).