des espoirs en fumée

Je me trouvais par un curieux hasard sur Terre. Il s’agissait d’une planète parmi tant d’autres, c’est vrai, mais toutefois de la seule dont je foulais le sol. Je sirotais un verre de vin pour réconforter mon âme quand je décidai de sortir acheter des cigarettes. Dans ces cas-là, il arrive qu’on ne revienne pas. On s’en va lâchement, en abandonnant le navire, le dîner du soir, le toit et les murs et les affections indéfectibles. Comme j’étais seule, je revins, c’est-à-dire que je rentrai à la maison et me servis un autre verre de vin.

La Terre est vaste et nos limites inconcevables, non moins parfois que celles de l’univers, n’ayons pas peur des mots.

hors-la-loi

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Il est désespéré par habitude, joyeux de nature, comme cela va de soi. Il est pris dans un sillon qui va son cours et il n’en sort pas.
– C’est amusant, réalise-t-il enfin, au fond, je choisis le désespoir a priori!
Le trottoir humide, la nuit qui tombe du ciel, la fixité des objets, les animaux silencieux que l’on rencontre, les histoires que l’on raconte, celles qu’on a vécu, celle que l’on va vivre, tout cela est une béance inconcevable. On cherche et on trouve, on a des ennuis dont les pigeons n’ont que faire, dont la planète Mars se rirait si elle n’était pas si loin et ils n’ont d’existence que celle qu’on leur donne. Au même moment, l’océan enroule ses eaux et le vent souffle dans les déserts. Tout ce mystère avec sursis a une forme et l’on est capricieux.
Assis sur sa chaise, il considère le vide sidéral sur lequel il se voit reposer, il n’y a plus de sol, plus de planète, il valse dans l’univers sombre et silencieux.

à la folie pas du tout

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On parle souvent de vérité mais en général, on ne la dit pas. Imaginez-vous la scène?
– Comment vas-tu?
– Bien, ma vie n’a aucun sens et je ne vais pas dans la bonne direction.

Avec un peu plus d’à propos :
– Bien, 15 364 scientifiques de 184 pays ont publié un manifeste pour rappeler à l’ordre les humains (car sont exemptés de la lecture, les mouches, les tigres, les éléphants, les girafes, les poules, les abeilles etc je pense qu’on aura compris, d’ailleurs ni les animaux ni les insectes ne savent lire, ils ne savent que disparaître ou se multiplier et nous créer des problèmes alarmants).

On peut lire dans leur rapport (le rapport des scientifiques) « En ne limitant pas adéquatement la croissance démographique, en ne remettant pas en cause une économie reposant uniquement sur la croissance, en ne réduisant pas les gaz à effet de serre, en n’encourageant pas les énergies renouvelables, en ne protégeant pas les habitats, en ne restaurant pas les écosystèmes, en ne freinant pas la pollution, ne ne régulant pas les espèces invasives, l’humanité ne fait pas les efforts urgents et nécessaires pour préserver notre biosphère ».

Le problème – c’est embêtant – c’est qu’on a des priorités qui consistent justement à se ficher de la croissance démographique, à ne pas remettre en cause une économie reposant uniquement sur la croissance, à ne pas réduire les gaz à effet de serre, en n’encourageant pas les énergies renouvelables, à ne pas protéger les habitats, à ne pas restaurer les écosystèmes, à ne pas freiner la pollution, à ne pas réguler les espèces invasives (lire, l’espèce humaine), à ne pas faire les efforts urgents et nécessaires en bref, pour préserver notre biosphère.

On aurait bien aimé contenter les 15 364 scientifiques de 184 pays mais ça tombe vraiment mal.