il était une foire

Il était une foire la place du village tout le monde dansait à l’ombre des marronniers
C’était un bal masqué
Le boucher s’était déguisé en pâtissier qui s’était déguisé en plombier qui s’était déguisé en fleuriste qui s’était déguisé en charcutier qui s’était déguisé en assureur qui s’était déguisé en banquier qui s’était déguisé en occuliste qui s’était déguisé en médecin généraliste qui s’était déguisé en châtelain qui s’était déguisé en notaire qui s’était déguisé en croque-mort qui s’était déguisé en épicier qui s’était déguisé en professeur qui s’était déguisé en instituteur qui s’était déguisé en boulanger qui s’était déguisé en boucher qui s’était déguisé en pâtissier on l’a déjà dit

 

deux yeux

Dans l’air frais par la fenêtre ouverte, un songe
c’est le soir et le printemps nous ennivre
on marche en silence dans l’allée d’un parc sur un tapis de fleurs
au-dessus de soi les branches s’inclinent sous leur charge
on écoute on s’arrête
quelque chose voyage
quelque chose revient
une vague légère dans l’air du soir
la douceur violente du souvenir, d’un mot
d’une main abandonnée sur le cuir d’une banquette
d’une tête oubliée contre un mur
de deux yeux