La femme disparut au coin de la rue. Dans l’air froid et sec, résonnaient encore ses paroles cristallines N’abandonnez pas votre coeur!
Je mis mes mains plus au fond dans mes poches et gageai que le mien – de coeur cela va sans dire – était bien dans ma cage thoracique et ma cage thoracique à sa place sous mon manteau de laine. Abandonner son coeur! C’en était une bien bonne! Et où donc, l’abandonner? Par zèle, chez le boucher?
– Bonjour monsieur, je voudrais abandonner mon coeur et d’autre part cela me désappointerais de ne pas le rendre utile, si j’ose dire, pourriez-vous le dépecer et le vendre?
C’était tout à fait absurde. Autant le jeter aux lions du zoo qui posent tristement leur museau royal sur leurs pattes nonchalentes à force d’impuissance.