– Je trouve le temps long, dit-il en détournant les yeux vers la fenêtre ouverte sur le soir.
– Voudrais-tu peut-être qu’il soit court? lui demanda-t-elle en riant.
– Pas nécessairement court, non. Mais pas long non plus.
Elle l’observait de côté. Il était difficile de décoder l’expression de son visage. Il était affable mais distant. Elle ne savait que faire et serait volontiers allée voir ailleurs si elle y était, comme quand elle était enfant et qu’on l’envoyait voir dans la cuisine si l’on y était. Quand on était au salon. Quelle idée saugrenue. Mais les adultes avaient de drôles d’idées, elle avait déjà pu à maintes reprises s’en rendre compte. Ils se cherchaient toujours là où ils n’étaient pas. Et il ne fallait pas les contrarier. Il fallait aller voir dans la cuisine et revenir au salon pour leur dire gentiment qu’on ne les y avait pas trouvés. Mais d’autre part, pensait-elle alors, s’ils n’étaient pas capables de se rendre compte tous seuls qu’ils étaient au salon, qu’y pouvait-on?
Elle l’observait de côté et courait à perdre haleine dans les pièces de sa mémoire pour voir si elle y était.