Monsieur le Ministre se gaussait. Il était tellement satisfait de lui-même que son visage semblait prêt à imploser. La tension qu’il éprouvait était jouissive. Au dessus des autres il planait, vorace, l’oeil méfiant mais repu et satisfait. Toujours, il en avait rêvé, avoir une belle grosse voiture, une belle grande maison, des privilèges aussi, de toutes sortes, il en avait rêvé oh oui et sa fonction de ministre lui avait permis de réaliser ce rêve.
Quoi? Il avait eu un rêve politique? Quand cela? Pas même en rêve! Son rêve était tout petit, c’était un rêve bourgeois, il ne fallait surtout pas s’y méprendre.
Non, non, au fond les gens le gênaient. Sans eux, la politique eut été une broutille! Mais les gens, les gens, c’étaient eux qui gâchaient tout, qui compliquaient tout. Les gens, c’était le début des ennuis, la fin de la politique!
Son rêve, à présent qu’il avait atteint le premier – son grand rêve bourgeois – c’était que les gens disparaissent.
Alors oui, il jouirait complètement, absolument, totalement!