Je distinguais plutôt mal le visage qui me faisait face. Comme le brouillard était dense, je dus m’approcher de la passante plus qu’il n’était habituel.
– Pardon, vous disiez?
Elle restait silencieuse et je crus avoir rêvé. M’avait-elle demandé l’heure? De toutes façons dans ce brouillard, je ne distinguais pas non plus ma montre. D’ailleurs, je ne trouvais pas mes mains.
Je me mis à les agiter pour être bien sûre que je ne les avais pas perdues.
– Vous avez un problème? me demanda le fil de voix féminine qui parvenait à mon tympan embrumé, pourquoi agitez-vous ainsi vos mains?
– Ah mais vous y voyez, vous! Moi je ne vois rien!
– Moi non plus, dit la voix, mais votre pantin me souffle à l’oreille chacun de vos mouvements.
– Mon pantin? Pinocchio où es-tu? criai-je dans le brouillard, pourquoi te caches-tu?
– Je ne me cache pas, répondit-il en riant, mais tu ne peux pas me voir!
– Je déteste le brouillard, je déteste le brouillard, marmonnai-je, je fis demi tour et eus la sensation en cherchant à tâtons mon chemin de naviguer dans un nuage.