J’étais accoudée à une barrière de bois qui séparait l’oasis du désert. Je tournais le dos à l’oasis. Je regardais droit devant moi l’étendue aride qu’un souffle de vent balayait de temps en temps. Elle rejoignait follement l’horizon où venait se poser le globe en feu du couchant.
Derrière moi j’avais laissé les autres enfants et leurs cris au loin se perdaient dans le soir. Sur la poussière leurs chants rebondissaient comme de petits papillons qui ne vivent qu’une seule nuit.
J’écoutais, enchantée par le désert infini devant moi.
– Tu viens souvent t’accouder ici le soir?
Je sursautai en découvrant à ma droite le profil immobile de Pinocchio.
– Oui, je ne sais pas… pas seulement le soir.
Il ne dit plus rien. Il était très absorbé par ce qu’il regardait. Je tentai de l’oublier et je continuai à regarder droit devant moi.
– Moi je vais faire un tour dans le désert, dit-il en souriant mais sans chercher mon regard. Je le suivis des yeux en silence. Il passa sous la barrière et marcha droit devant lui. Ses petits pas de bois soulevaient la poussière.
Il finit par devenir un tout petit point vers l’horizon. Il déplaçait un léger nuage ocre qui brillait dans le crépuscule et reflétait la lumière de la lune.