c’est la guerre

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– Quiconque l’a tué lui a tiré dans le dos! La télé est allumée et on entend de grandes choses. Dans une heure ce sera une véritable hécatombe.
– Vous avez nécessairement suivi le même parcours la nuit en question
– Il est impossible que le lieutenant Pick soit sorti en rampant de sa cachette!
Mais nous n’en doutions pas un instant. C’est tout à fait impossible. Et pourtant il l’a fait.
– Ce doit être arrivé à la moitié des prisonniers, nous devrions être orgueilleux d’être en vie, nous avons fait notre devoir, nous avons servi un pays!
Reste encore à savoir lequel. On ne le dit jamais bien sûr. On nous suggère ainsi que cela va de soi. On se sent même un peu bête de ne pas savoir à ce point de quel pays il s’agit. En tous les cas, on ne le dit pas. On compte sur notre bon sens. Le mien a déjà sauté par la fenêtre. Je me penche dans le vide pour l’appeler.
– Bon sens, bon sens viens ici je te promets que j’éteins la télé!
Mais il ne revient pas parce qu’on lui a déjà fait le coup et qu’il ne veut pas du tout servir le pays du lieutenant Pick.
– Colonel, pourriez-vous nous décrire la nature de votre rapport avec le lieutenant Pick?
Il va sans doute devoir avouer devant des millions de téléspectateurs incrédules que le lieutenant Pick qui pourrait être son fils, n’est autre que son grand-père. Contre toute vraisemblable vraisemblance.
Je me penche à nouveau par la fenêtre. Mon bon sens s’est assis sur la branche d’un arbre. Il me tire la langue.
– Avant de tirer la langue, retourne ta bouche sept fois dans ta tête! je crie dans la nuit pour qu’il m’entende mais il a perdu la tête qui est d’ailleurs toujours sur mes épaule et il continue de tirer la langue sans réfléchir.
– Capitaine, le colonel vous attend dans l’antichambre!
Mon dieu mon dieu. Capitaine!
– Mon dieu, les munitions ne sont pas à leur place!
– Et tu oses dire que je t’envahis? Pinocchio se tient devant moi les mains sur les hanches et le nez court. Ses yeux valent les balles du lieutenant Pick que je commence presque à regretter.
– C’est la guerre, dit la télé
– C’est la guerre, dis-je à Pinocchio pour qu’il soit sage.

Auteur : jamaisvertige

Prose poétique et autres fantaisies

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