Il était une fois un roi. Il tournait en rond dans son palais et se mirait dans son miroir.
– Miroir, miroir me diras-tu… suis-je le plus beau du royaume?
– Non… il y a Noir Neige dans le bois, qui est tout sale et mille fois plus beau que toi.
– Diantre, dit le roi.
Et de ce pas, c’est à dire du sien, il envoya son petit page, qu’il avait préalablement muni d’une petite ampoule d’un très fameux whisky qui n’en était pas un puisqu’il s’agissait bel et bien d’arsenic, en quête de Noir Neige avec l’ordre de lui proposer habilement de boire le contenu du contenant.
Le petit page trouva bien vite Noir Neige qui rêvassait étendu, un brin de blé entre les dents. Le petit page tendit promptement l’ampoule à Noir Neige qui ne lui avait rien demandé. Noir Neige se leva et sa carrure et sa parure faisaient de lui le maître de ces bois. Le petit page se mit à trembler de tous ses os devant le colosse.
– Monsieur, le roi vous offre cette ampoule… il a entendu dire que le whisky vous plaisait et ainsi… il a pensé… le roi… voilà… cette ampoule…
– Je n’ai pas soif! cria Noir Neige au petit page qui convint que la liberté est égale pour chacun et que nul ne peut imposer quoi que ce soit à quiconque, pas soif pas soif pas soif répétait l’écho qui filait à toute allure vers la vallée.
Le petit page s’enfuit sans demander l’heure qu’il jugeait tardive et courut au palais.
Il tomba sur le roi quand celui-ci entendit son impertinent miroir lui rappeler que Noir Neige etc. nous le savons déjà.
– Eh bien? hurla le roi, tu ne l’as pas trouvé? Il se cache le lâche, le pleutre! II se cache car il n’est pas digne de moi et qu’il a honte! Mais nous le chercherons, nous le chercherons et nous le trouverons, allons petit page, n’est-ce pas? – et comme le petit page se taisait – Quoi? cria le roi que la curiosité rongeait.
– Il n’a pas soif, répondit le petit page que l’évidence illuminait.
Une réflexion sur « bois communs »