intempéries

Il se retourna immédiatement et ce qu’il vit le laissa de glace. Un rayon de soleil se frottait à sa surface lisse qui se mit à fondre. Un passant le toucha du bout d’un doigt qu’il porta à sa bouche curieuse. L’homme avait bon goût. Il suffisait d’ailleurs de voir comment il était vêtu, de pied en cap.

Il se liquéfiait à vue d’oeil. Il avait déjà perdu la tête quand une jeune fille le croisa. Elle fit de même, par compassion.

Il se liquéfièrent ensemble très longtemps.

maxima culpa

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Que le plus court chemin de A à B soit la droite et qu’Euclide soit passé à la postérité pour avoir, entre autre, j’en conviens, stipulé qu’une ligne est une longueur sans largeur, n’est plus pour aucun de nous matière à stupeur. D’autre part, j’en conviens encore, et parce que mes lecteurs sont illuminés, plus grand chose n’est à nos yeux embués matière à stupeur. Il suffit de regarder un journal télé pour s’étonner qu’à sa fin, ses spectateurs aient encore leur tête sur leurs épaules (pour peu qu’ils aient une tête et des épaules comme d’ordinaire c’est le cas, mais nous acceptons aussi les exceptions) (parce qu’elles confirment la règle) je disais donc, pour s’étonner que ses spectateurs aient encore leur tête sur leurs épaules et baillent tranquillement aux corneilles en se grattant le cuir chevelu (j’en conviens, lecteur illuminé, ceci évoque plus l’ami dont l’homme descend que l’homme en question – qui peut aussi bien être une femme, mais là, les choses se compliquent toujours d’ordinaire et nous n’entrerons pas dans ces détails, en l’occurence).
Imaginons donc qu’au réveil, vous vous trouviez face à une montagne. Enneigée de surcroît. Pour faciliter la difficulté. Quel sera le plus court chemin pour la dépasser? Je vous laisse réfléchir un instant.
Lecteur illuminé! Mais bien sûr! Le plus court chemin pour la dépasser et se la laisser derrière est bien sûr l’escalade rectiligne, relief permettant, cela va de soi.
Eh bien, vous saurez très vite où je voulais en arriver. Il est inutile de tourner plus longtemps autour du pot.
Comment commencer sa journée à 9 heures (je suis  large, pas comme la droite) quand on a une montagne à escalader au réveil? Je vous pose la question parce qu’à ce jour je n’ai pas trouvé la réponse.
Ce doit être que je ne la cherche pas au bon endroit. Ou que je ne range jamais mes affaires.

Mea culpa,
mea culpa,
mea maxima culpa.

un soir en ville

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Je me penchai par la fenêtre, le corps en avant pour saisir un pan de lune
L’air frais me caressait le visage
La brise légère creusait dans la mémoire
Les anfractuosités temporelles, dans la tête mobile, étaient profondes
Je me souvins d’une forêt en montagne, d’un soir
Des allées de terre battue qui plongeaient dans la végétation dense, qui s’écroulait sous le parfum sombre des conifères
Je marchais lentement dans un des soirs de ma vie
Avec l’écho, j’écoutais la distance
une enfant avait couru sous des cèdres souverains.

plat de résistance

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C’était un grand jour de grande lumière. On m’avait dit de ne pas trop abuser de ce terme passe-partout, grand, mais j’aimais beaucoup les passe-partout. Surtout par les grands jours, et de grande lumière de surcroît. J’avais une grande envie de dévorer des pans de lunes, des avions à réaction, des sapins entiers, des planètes, des satellites, enfin le strict nécessaire, même si j’étais en arrêt

sur seuil  d’une grande beauté

les moules

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Il était une foire des têtes coupées. Bien naturellement, selon une certaine loi incontournable sur cette basse Terre – j’ai nommé, en l’occurence, celles de la gravité – les têtes coupées tombaient au sol. Qui se trouve généralement au plus bas. Toujours les mêmes qui mangent des brioches, vous connaissez la chanson, ainsi que le vizir du calife, et chacun de vouloir manger des brioches à la place du calife. Une bonne raison pour couper des têtes, j’en conviens. Manger une brioche sans bouche relève du prestige euh pardon, de la magie.