On croit avoir escaladé un versant et on n’a pas commencé à franchir les premiers mètres. On est déjà épuisé. On n’aperçoit même pas – de loin, on pourrait – la cime qui se perd derrière de lourds nuages immobiles. Très vite, le brouillard arrive et s’épaissit, il faut poursuivre à l’aveuglette: on suit le sentier que l’on imagine sous les pieds car on les voit encore, les pieds, pas le sentier. Pas à pas, on avance, avec courage et en y mettant toute la foi dont on se sent capable, car on a de la foi à revendre! Alors on marche et on ne perd pas de vue ses propres pieds sans quoi on risquerait de perdre le corps entier en des régions hostiles. Et puis tout à coup, c’est le désespoir, l’épuisement, physique et moral, un doute surgit, ce voyage en vaut-il la peine? A-t-on choisit la bonne saison? Est-on suffisamment en forme pour arpenter les côtes escarpées des reliefs terrestres? Tant de questions! Vaines toutefois. Parce qu’en réalité, il n’y a pas de montagne du tout.