étanchéité

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Il baissa doucement la tête. Il tâchait de ne pas écouter. Son sang refluait, c’était son équinoxe à lui. Dehors, d’autres êtres, comme lui, contenaient des mondes insondables, se démenaient, allaient, venaient, incessamment. Ce fourmillement invraisemblable et cette parenté inconcevable qui le liait à eux le transportaient.

Cet instant monstrueux, si intense qu’une douce force s’excerçait contre son thorax, avait tout l’air d’une porte entrebaillée qui l’invitait à poursuivre. La largeur du fleuve, décuplée par la lumière abrupte du soleil, déployait des bras liquides vers lui et son coeur s’ouvrait d’autant. Il craignit sans y croire que l’organe aurait cédé sous une telle pression.

Comme il n’en fut rien, ravi, il posa cette tête sienne contre la paroi fraîche et blanche du ferry. Le vent régulier et fort, les sursauts saccadés de l’embarcation sur la surface dure de l’eau, les embruns sur le visage, l’incidence de la lumière, tout cela à la fois et aussi ce qui ne s’éprouvait pas, ni ne pouvait se voir, tout cela à la fois dessinait dans le jour béant des indices transparents.

 

 

 

Auteur : jamaisvertige

Prose poétique et autres fantaisies

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