La foule amassée dans la cour attendait que la porte s’ouvrit. Un seul signe aurait suffit à soulager son impatience mais nul signe n’interrompait cette attente assommante. L’incertitude dans laquelle chacun était de voir se dénouer cette scène d’une façon ou d’une autre créait une tension qui à cette heure arrivait à son comble sans jamais l’atteindre.
Le moindre changement semblait préférable à l’immobilité. Pourtant, nul ne pouvait jurer que ce changement aurait produit un quelconque progrès.
– Depuis quand êtes-vous là? une voix cherchait une oreille attentive.
– Quelques heures, répondait une autre qui n’avait pas envie de questionner en retour.
– Moi aussi, c’est intenable à la fin, ajoutait la première voix qui s’était passée d’être interrogée pour continuer.
– Vous pourriez vous en aller, suggéra judicieusement la seconde voix.
– Certainement pas! Pour perdre ma place? Je n’ai pas attendu tout ce temps pour rien! Il n’en est pas question! Vous en seriez bien aise, non?
La seconde voix se dispensa de commenter. Le silence couvrit à nouveau la cour. Petit à petit, le froid se fit plus intense.
La porte que chacun fixait d’un regard las était toujours fermée.