Je me hâtais sur le chemin du retour, je regardais mes pieds, leur petite danse impeccable sur l’asphalte mouillé. Je croisai une ombre qui me demanda du feu. Je m’arrêtai et cherchai mon briquet dans la poche de mon manteau. Mes pieds étaient immobiles, parfaits, dociles. Ma main trouva l’objet immédiatement et il brilla dans l’obscurité quand la petite flamme se mit à danser au bout de mon poingt tendu.
– J’ai faim!
– Pinocchio non… vraiment, ça suffit!
La petite flamme se mit à trembler au bout de mon poingt tendu.
– Tu l’as déjà dit!
L’ombre s’approcha doucement.
– Pas avant de dormir les histoires de peur!
– Pinocchio laisse-moi tranquille!
Le halo de la flamme dansa sur un visage immobile.
– Ah ah elle est bien bonne celle-là! le halo de la flamme dansa sur un visage immobile! je ris, je ris!’
Ce fut plus fort que moi. Je décochai un coup de pied au pantin qui finit sur le carrelage, non sans avoir heurté le coin d’un fauteuil qui n’avait rien demandé.
Le halo de la flamme dansa sur un visage…
Mon pouce relâcha sa prise et l’obscurité m’empêcha de voir le visage de cette ombre qui disparut dans la foule qui hantait les trottoirs.
Non mais.
– Tu m’as fait mal…
– Tu l’as cherché
– Non… je l’ai trouvé! Tu ne peux pas en dire autant!